Vendredi 28 juillet 2023, le groupe Casino a signé un accord de principe avec Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor visant à restructurer sa dette fixée à 6,4 milliards d’euros. Si un stade majeur de son sauvetage est passé grâce aux repreneurs, plusieurs étapes restent à venir pour le distributeur stéphanois .
Le groupe Casino, endetté à hauteur de 6,4 milliards d’euros, a franchi une étape significative de son processus de sauvetage via un accord de principe conclu le 28 juillet dernier avec ses repreneurs Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière, le fonds britannique Attestor et ses principaux créanciers. Malgré cet accord, le groupe de Jean Charles Naouri doit encore faire face à des échéances capitales.
S’il n’est pas finalisé, l’accord de principe vise à restructurer financièrement le distributeur stéphanois en injectant 1,2 milliard d’euros d’argent frais. Il ambitionne également de réduire sa dette de près de 5 milliards d’euros et de céder ses activités en Amérique Latine, où travaille 75 % des salariés. L’accord offre une perspective sur quatre ans et est conçu pour développer un business plan à long terme plutôt que de simplement pallier l’urgence. Il entraînera toutefois une dilution importante des actionnaires actuels.
Un « accord contraignant » sera finalisé en septembre avec les créanciers, ce qui implique de travailler avec de grandes banques, des fonds d’investissement et des acteurs institutionnels. Par la suite, le groupe Casino devra se concentrer sur la relance de ses activités commerciales.
Les étapes à venir incluent des discussions avec les créanciers détenant une dette non garantie visant à rallier leur soutien à l’opération et ainsi éviter des recours potentiels. Un accord contraignant devra ensuite être approuvé par les actionnaires lors d’une assemblée générale fixée à l’automne. Le groupe Casino engagera une procédure de sauvegarde accélérée en octobre, permettant d’impliquer les créanciers récalcitrants, conformément à la loi. La restructuration est prévue pour être finalisée au premier trimestre 2024, période où le nouveau PDG Philippe Palazzi prendra le contrôle du distributeur stéphanois.
L’État joue un rôle essentiel dans ce processus en veillant à la solidité du projet industriel et à la préservation des 50 000 emplois en France. Il a gelé environ 300 millions d’euros de dette fiscale et de cotisations sociales. Le gouvernement, à travers le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), a supervisé les négociations avec les créanciers et devra également cautionner l’opération dans le cadre du contrôle des fusions et des investissements étrangers. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a aussi un rôle à jouer en autorisant Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor (désormais majoritaires au capital du groupe Casino) à déroger à l’obligation de lancer une OPA sur le retailer. Cette option est tolérée lorsqu’une entreprise est en grande difficulté financière.
Les repreneurs comptent maintenir le siège social à Saint-Étienne et préserver les emplois en France, et envisagent également de renforcer les équipes et d’accélérer la conversion en franchise des magasins en propre pour réduire les coûts. Selon une source proche du dossier, les banques françaises créanciers se sont « irrévocablement engagées à maintenir le 1,3 milliard de financement opérationnel » du groupe Casino d’ici à la restructuration et jusqu’à « trois ans après ». Un point essentiel pour rassurer les assureurs crédit et les fournisseurs. Bien que l’accord de principe soit prometteur, le distributeur stéphanois est toujours confronté à des défis comme les pertes financières importantes (2,23 milliards d’euros au T1 2023) et une trésorerie qui fond rapidement (600 millions d’euros de liquidité à la fin de l’année, contre 2,1 milliards d’euros fin 2022). Si la situation empire ou si les assureurs crédit retirent leur couverture, une injection anticipée de liquidités sera nécessaire avant la finalisation de l’accord.